La ligne de départ sentira la poudre au stade Charléty, le 9 juin au soir. Deux des plus gros showmen de la scène mondiale se retrouveront pour une explication majuscule sur 100 m. Quelques jours après son clash avec Fred Kerley à Florence, Marcell Jacobs se mesurera à une autre fusée américaine, en la personne de Noah Lyles. Pour une nouvelle explication majuscule, qui pourrait bien mettre en danger le record du meeting, détenu depuis 2009 par un certain Usain Bolt : 9’’79.
D’un côté, le solide gaillard italien, aussi posé dans ses propos que son corps est recouvert de tatouages. De l’autre, le longiligne Américain, bouillonnant et à la rage de vaincre communicative. Le champion olympique du 100 m contre le double champion du monde du 200 m. Le recordman d’Europe de la ligne droite, contre le recordman des Etats-Unis du demi-tour de piste. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces deux-là ne se sont jamais affrontés sur le tartan.
Une opposition de style
Sur le papier, Jacobs semble avoir la faveur des pronostics, puisqu’il évoluera sur sa discipline de prédilection. Mais voilà, Noah Lyles a les armes qu’il faut pour lui voler la vedette. D’abord parce qu’il connaît déjà le stade Charléty, pour s’y être imposé en 2019 sur 200 m, dans l’excellent chrono de 19’’65. Ensuite, parce qu’il est un spécialiste de la Diamond League, puisqu’il compte déjà 18 victoires (oui, dix-huit !) sur le circuit dans sa carrière, alors que Jacobs chasse toujours son premier succès.
Au niveau chronométrique, Marcell Jacobs a l’avantage, avec ses 9’’80, là où Noah Lyles plafonne à 9’’86. Mais Lyles, après ses deux victoires aux Mondiaux sur 200 m en 2019 et 2022, semble bien décidé à explorer ses capacités sur la distance inférieure, celle qui fait rêver tous les sprinters, et les spectateurs avec eux. Et un homme capable de courir 200 m en 19’’31 a largement les moyens d’aller très vite sur 100 m.
Pour agrémenter le tout, le champion du monde 2011, Yohan Blake tentera d’arbitrer le duel italo-américain. Le Jamaïcain, deuxième performeur mondial de l’histoire avec ses 9’’69, a de l’expérience à revendre, et connait la recette pour faire le spectacle. Le Kényan Ferdinand Omanyala, recordman d’Afrique avec 9’’77, sera aussi de la partie, et entend bien prouver qu’il est capable de briller ailleurs qu’à Nairobi. Enfin, le recordman du monde juniors Letsile Tebogo (9’’91 en 2022) voudra montrer qu’il est déjà prêt à briller chez les grands.