Et les 14 000 spectateurs du stade Charléty ont donné de la voix quand Mondo Duplantis, assuré de la victoire et du record du meeting (6,01 m, un centimètre de mieux que Sam Kendricks en 2019, lors de la dernière édition), s’est attaqué à une barre à 6,19 m, supérieure d’un centimètre à son propre record du monde. Le Suédois n’est pas parvenu à la franchir, mais ne boudait pas son plaisir, trois jours après avoir, à Lausanne, terminé en-dehors du Top 3 d’un concours pour la première fois depuis juin 2019 ! « C’était très important pour moi de repasser en mode ‘victoire’ tout de suite. La différence avec Lausanne ? C’est vous, le public », a-t-il lancé au micro du speaker, avant de joindre le geste à la parole en passant un long moment en bord de tribunes, participant au clapping lancé par les premiers rangs, se prêtant de bonne grâce aux demandes de selfies, donnant ses affaires aux plus jeunes…
Thompson-Herah bat Fraser-Pryse
Avant ce point d’orgue de la réunion, deux autres records du meeting avaient déjà été battus ce samedi, à commencer par celui du 100 m féminin. Sur la lancée de ses prestations des dernières semaines, Elaine Thompson-Herah, chronométrée en 10’’72, en dépossède sa compatriote et rivale Shelly-Ann Fraser-Pryce pour deux centièmes. Ce qui n’a pas empêché la Jamaïcaine de calmer le jeu ensuite par rapport au record du monde de Florence Griffith-Joyner (10’’49), qu’elle a frôlé à Eugene la semaine passée (10’’54) et qu’elle disait alors vouloir battre : « Je sais que tout le monde pense que je vise le record du monde mais… Je ne suis pas loin mais si j’en reste là pour cette année, je serai super heureuse. »
Meilleures performances mondiales de l’année pour Niyonsaba et Kigen sur 3000
Le dernier record du meeting a eu pour cadre le 3000 m féminin, avec la victoire de Francine Niyonsaba en 8’19’’08. C’est aussi la meilleure performance mondiale de l’année sur la distance que réalise ici la vice-championne olympique du 800 m à Rio. « La victoire et le record veulent dire beaucoup pour moi. Passer du 800 m sur de plus longues distances n’est pas évident. Je me suis énormément entraînée pour ça, j’ai pris des décisions fortes comme de partir m’entraîner au Kenya, et aujourd’hui je me sens de plus en plus confortée dans ces choix. »
Autre meilleure performance mondiale de l’année établie à Charléty : les 8’07’’12 du Kényan Benjamin Kigen sur 3000 m steeple, porté jusqu’aux derniers mètres par l’insistance de son compatriote Abraham Kibiwot (8’09’’35). « J’avais découvert ce meeting en 2019 et je m’étais promis de revenir pour le gagner. » C’est fait, et avec la manière !
Les héros de Tokyo au rendez-vous
Dans un meeting marqué par la présence de quasi 30 médaillés des J.O. de Tokyo, les héros du Japon ont mis un point d’honneur à se distinguer. Après une reprise ratée à Lausanne en milieu de semaine (huitième), Hansle Parchment a gagné sa première course en tant que champion olympique du 110 m haies, établissant au passage sa meilleure marque de l’année en 13’’03 (+0,7 m/s), soit un centième de mieux qu’en finale à Tokyo.
A la hauteur féminine, c’est même le Top 5 de Tokyo qui a été reconstitué… dans le désordre, la victoire revenant cette fois à Nicola McDermott. La vice-championne olympique - qui s’était brièvement vue une marche plus haut sur la boîte - devance Mariya Lasitskene aux essais à 1,98 m, et pouvait savourer cette inversion des rôles : « J’ai été tellement souvent deuxième ou troisième cette saison que ça fait du bien de tenir finalement une victoire. Je me sentais un peu fatiguée et c’est pour ça que j’ai fait des impasses pendant le concours. C’est toujours un risque mais j’ai la satisfaction de voir que ça s’est bien terminé aujourd’hui. »
Sur 200 m, le match de vice-champions olympiques qui opposait Kenneth Bednarek, argenté sur la distance à Tokyo, à Fred Kerley, deuxième quant à lui sur la ligne droite aux JO, a tourné à l’avantage de ce dernier à la photo-finish : leur chrono commun de 19’’79 (+1,6 m/s) est un record personnel pour Kerley.
Pour son retour à Paris, l’inusable Allyson Felix a terminé troisième (50’’47) d’un 400 m remporté par la vice-championne olympique Marileidy Paulino (50’’12). Femke Bol, la championne d’Europe en salle, par ailleurs troisième sur les haies à Tokyo, termine quatrième (50’’59). Mais l’essentiel est ailleurs pour la Néerlandaise de 21 ans : « J’ai couru contre Allyson Felix ! C’était sur ma liste de choses à accomplir et c’est génial que ça se soit produit. »
Bronzé à Tokyo, Hugues Fabrice Zango voulait lui aussi « retrouver très vite le chemin de la victoire après les Jeux. Maintenant c’est fait. » S’il s’est fait chiper le meilleur saut du concours par Yasser Mohammed Triki (17,16 m, +1,7 m/s, à son premier essai), l’élève de Teddy Tamgho l’emporte à l’issue de la finale à trois (16,97 m, +1,7 m/s).
Perkovic, parlez-lui de Paris…
Du côté des vedettes de Tokyo battues ce jour, on retiendra que même Valarie Allman n’a pu entraver l’invincibilité de Sandra Perkovic sur le sol français : après les meetings de Montreuil et de Sotteville plus tôt dans la saison, la double championne olympique du disque (2012, 2016) s’est imposée à Paris, s’octroyant à la fois le meilleur essai du meeting (66,08 m à sa deuxième tentative) et la victoire lors de la finale à trois avec un jet à 65,68 m. « J’aime tellement ce meeting - c’est ma quatrième victoire ici - j’aime tellement la France, Paris, la nourriture, le vin, les rues… C’est l’après-midi parfait pour moi ! »