La dernière fois que Shaunae Miller-Uibo a couru dans l’Hexagone, c’était il y a une éternité. La Bahaméenne avait 17 ans, déjà un talent dingue, et elle était allée chercher la médaille d’or en 51’’84 lors des championnats du monde cadets, organisés sur le tartan du stadium de Villeneuve-d’Ascq en 2011. Onze ans plus tard, l’élancée sprinteuse (1,85 m) à la foulée toujours aussi fluide et ample s’est constituée un palmarès de haut vol. Avec deux places de vice-championne du monde du 400 m et une médaille de bronze mondiale sur 200 m. Et surtout deux sacres olympiques sur le tour de piste, à Rio en 2016, grâce à un inoubliable plongeon pour devancer sur le fil l’Américaine Allyson Felix, et à Tokyo en août dernier. Avec à la clé, lors de cette dernière compétition, un record continental en 48’’36.
A nouveau sur la plus haute marche du podium en mars dernier lors des Mondiaux indoor de Belgrade, elle est en quête cette saison, à l’âge de 28 ans, d’un premier titre mondial. Elle aura l’occasion de monter en puissance lors du meeting de Paris Diamond League, lors duquel elle retrouvera notamment sur sa route la Dominicaine Marileidy Paulino, sa dauphine au Japon, ainsi qu’Amandine Brossier, demi-finaliste aux Jeux et meilleure Française sur la distance lors de la saison 2021.
L’occasion pour le public de la capitale d’admirer pour la première fois une athlète que la triple championne olympique Marie-José Pérec « trouve magnifique ». Un avis d’experte qui ne laissera sans doute pas insensible Shaunae Miller-Uibo, elle qui rêve de réaliser un jour, comme sa prestigieuse aînée à Atlanta en 1996, le mythique et si difficile doublé 200 m-400 m lors d’un grand championnat.
Beaucoup moins connu que sa compatriote, Steven Gardiner est pourtant en train d’écrire, lui aussi, l’histoire du sprint bahaméen et plus largement du tour de piste. A 26 ans, ce grand gabarit (1,93 m) s’est taillé une réputation d’homme de grands rendez-vous. Servi par un relâchement exceptionnel, l’athlète formé à l’université de Géorgie, aux Etats-Unis, a décroché l’or sur 400 m à Doha lors des Mondiaux, puis à Tokyo lors des J.O. Également troisième sur le tour de piste à l’occasion des championnats du monde de Londres en 2017, il est le sixième meilleur performeur mondial de tous les temps en 43’’48.
Sa relative discrétion s’explique par la rareté de ses apparitions sur le sol européen. Pour preuve, en 2021, Steven Gardiner ne s’est aligné au départ d’aucune course en Diamond League. Et il n’a disputé qu’un 400 m sur le Vieux continent, à Székesfehérvár en Hongrie. Sa dernière apparition sur le prestigieux circuit remonte au meeting de Monaco en juillet 2019, lors duquel il s’était imposé. Autant dire que sa présence à Paris fait d’ores et déjà figure d’événement. Bonne nouvelle : il est déjà en forme, avec un chrono de 44’’22 à Bâton-Rouge (Louisiane) le 23 avril dernier, synonyme de meilleure performance mondiale de l’année.